Pour la Fête de la Science, le Malp accueille une conférence sur le traitement des matériaux organiques trouvés lors des fouilles subaquatiques. L’occasion de découvrir les techniques mises au point par les chercheurs pour conserver des vestiges aussi fragiles.

Durant des siècles, ils ont reposé à l’abri au fond de l’eau. En l’absence d’oxygène, les objets
en matières organiques – bois, cuir, fibres végétales – ont échappé aux micro-organismes
responsables d’une dégradation rapide. Une chance incroyable pour l’archéologie, mais un
défi scientifique majeur : comment conserver ces vestiges hors de l’eau ?

Dès qu’on les expose à l’air, les objets en matériaux organiques sont menacés. Un séchage
sans traitement spécifique signe leur destruction : les fibres se rétractent, les cellules
s’affaissent, la structure se défait. Comment préserver la forme de l’objet et redonner une
résistance à cette matière gorgée d’eau ? C’est l’équation que les scientifiques ont dû
résoudre.

Une expertise très spécifique

En 1973, le Commissariat à l’énergie atomique de Grenoble travaille avec Michel Colardelle,
responsable des fouilles sur le site médiéval du lac de Paladru. Il adapte aux bois gorgés d’eau
le procédé « Nucléart », technique jusqu’alors utilisée pour sauvegarder des œuvres en bois
sec, alliant l’usage d’une résine consolidante et l’irradiation gamma. Cette expérimentation
permet au laboratoire ARC-Nucléart d’offrir aux archéologues une méthode unique de
conservation pour les matériaux fragiles, issus notamment de fouilles subaquatiques.
Les restaurateurs ont aujourd’hui d’autres procédés à leur disposition pour les bois gorgés
d’eau. « On utilise notamment une technique qui permet l’évaporation de l’eau par
lyophilisation, explique Sophie Fierro-Mircovich, conservatrice-restauratrice à ARC-Nucléart
depuis 2005. L’objet est imprégné d’un consolidant chimique, le polyéthylène glycol, puis il
est placé dans un lyophilisateur où il est congelé. On fait alors le vide, et la glace s’évapore,
laissant la résine au cœur du bois séché ».
Des procédés qui ont fait leur preuve. ARC-Nucléart a traité des milliers de pièces pour
d’importants musées ou sites archéologiques.

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Recherche en mouvement

L’équipe du laboratoire grenoblois ne s’en tient pas à ces succès et continue d’explorer de
nouvelles pistes. Suivant la trace de scientifiques japonais, Sophie Fierro-Mircovich
s’intéresse à l’emploi de sucres pour conserver les matériaux organiques. Travaillant sur des
objets archéologiques en bois, cuir, cordage ou autre matériau d’origine végétale ou animale,
la conservatrice-restauratrice teste le vieillissement à long terme de ces matières, protégées
par des sucres spécifiques – « un peu comme des fruits confits», s’amuse-t-elle.
L’enjeu est de réduire le recours aux procédés issus du pétrole, notamment les résines
chimiques. « Quand on traite des volumes importants, comme des épaves, l’impact
environnemental est important », relève la spécialiste. Préserver le passé n’interdit pas de
protéger l’avenir.

Conférence

Apport de la science pour la conservation des vestiges archéologiques.
Le traitement des objets en matériaux organiques de Chalain et de Clairvaux par ARCNucléart. par Gilles Chaumat (Ingénieur- chercheur – ARC-Nucléart, Grenoble).

Samedi 12 octobre
Entrée gratuite